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Gerry Taama : Retour aux premiers amours

Pendant que la scène politique togolaise, vibre sur les questions de leadership, surtout après l’adoption du décret portant avantages et obligations du chef de file de l’opposition, Elite d’Afrique est allée à la rencontre de Gerry Taama, président du parti politique le Nouvel Engagement Togolais (NET), candidat aux dernières élections présidentielles. Loin des agitations politiques actuelles, l’ancien militaire s’est remis à ses premiers amours, l’entrepreneuriat. Profitant de la mi-temps politique, l’homme s’est lancé corps et âme dans un projet de ferme –école dans le septentrion du pays. Dans cet entretien exclusif, il revient sur les motivations de ce projet, et ses engagements en faveur de la jeunesse. Lecture.   Elite d’Afrique : Comment se porte le NET ? Gerry Taama : Le NET se porte juste bien et comme vous le savez, au lendemain de l’élection présidentielle à laquelle le NET a eu le privilège de participer, la vie politique togolaise est pratiquement moribonde. Il n’y a plus grandes choses à se mettre sous les dents. Donc, le NET à l’instar de beaucoup de partis de même taille que lui, le NET se porte bien même s’il n’y a rien à se mettre sous les dents.   EA : Justement, on vous sent en congé sur la scène politique, mais plus présent sur la question de l’emploi des jeunes. Est-ce un choix tactique pour vous rattraper après le scrutin présidentiel ? Gerry Taama : Ce n’est pas un choix tactique, c’est un retour aux amours que j’avais avant de rentrer en politique. Aujourd’hui la plupart des projets que je suis en train d’initier, une bonne partie a été lancée largement avant les élections législatives de 2013. A défaut de quelque chose à se mettre sous les dents, c’est un retour à ces vieux amours et se sentir utile à quelque chose.   EA : Tout le mois de décembre vous étiez à pied d’œuvre pour monter une ferme-école dans la Région de la Kara à Siou, que peut-on attendre de cette initiative en faveur de la jeunesse togolaise ? Gerry Taama : Le projet répond à deux impératifs. Le premier c’est de pouvoir montrer qu’on peut décemment vivre de l’agriculture et de l’élevage. Nous avons donc monté  une ferme école qui a six (06) pôles de production à savoir les poules pondeuses, une porcherie moderne, un élevage de lapin, du maraîchage et de la pisciculture ; en plus de la production vivrière à savoir le maïs, le soja et tout ce qu’on peut avoir comme production vivrière dans une ferme. Le deuxième objectif c’est de s’appuyer sur les résultats de cette ferme pour former des jeunes aux métiers agricoles et pouvoir même les accompagner jusqu’à ce qu’ils s’installent.   EA : Est-ce dans le social que veut faire Gerry Tama ? Gerry Taama : Il y a certes un aspect social, mais également un volet purement économique. Produire, ça reste toujours un business ! Sur le premier volet, il n’y a pas d’option sociale. Sur le deuxième volet pouvoir former les jeunes sur le métier agricole parce que nous sommes persuadés de toute façon que d’une part le développement de nos pays doit s’appuyer sur l’agriculture. D’autre part, il faut aujourd’hui que nous ayons dans nos villages des entrepreneurs agricoles. On ne peut plus se contenter du paysan qui cultive juste pour se nourrir et éventuellement épargner ; mais des gens qui comprennent que l’agriculture est un investissement, une activité commerciale.   EA : Qu’est ce qui a motivé ce penchant pour le monde agricole ? Gerry Taama : Dans notre pays quand quelqu’un dit qu’il travaille la terre, il est considéré comme une personne qui a tout raté dans sa vie. Si le chômage et l’exode rural frappent autant notre jeunesse c’est parce que nous avons grandi dans un système ou la seule source d’emploi qui existe, est l’emploi salarié dans un bureau. Aujourd’hui nous voyons nous tous que la fonction publique ne recrute quasiment plus. Ceux qui sont privilégiés, c’est ceux qui ont des relations particulières. Donc l’idée aujourd’hui c’est de mettre l’agriculture au cœur de la problématique de l’emploi des jeunes.   Quel est l’état des lieux aujourd’hui ? Gerry Taama : Malheureusement le projet se fait sur financement propre. Je ne roule pas sur l’or, du coup nous sommes obligés d’être dans une logique du court terme. Les six pôles ne seront opérationnels qu’entre le mois de juin- juillet. Les poules pondeuses seront opérationnelles dans ce mois, le maraîchage qui a déjà commencé et les lapins à la fin de ce mois. La ferme école n’ouvrira ses portes que quand touts les pôles seront opérationnels.   Et la jeunesse dans tout çà ? Gerry Taama : Nous avons dix (10) jeunes qui travaillent déjà en plein temps sur la ferme et qui sont rémunérés. A la première année nous comptons pouvoir recruter une cinquantaine de jeunes pour moitié qui vont faire des formations courtes avec des modules de deux (02) mois dans la filière de choix et pour moitié des formations longues de deux (02) ans. Toute personne qu’elle soit Togolaise ou non peut demander à rentrer dans cette ferme-école.   L’entrepreneuriat agricole c’est bien beau, mais l’handicap reste l’accès au crédit pour les jeunes ? Gerry Taama : Nous y avons justement pensé. Pour compléter les activités de la ferme école nous lançons à Kara puisque c’est le Chef lieu de la Région où se  trouve la ferme, une ONG qui s’appelle BRIG  qui veut dire en Losso debout. Elle a trois (03) activités principales c’est l’entrepreneuriat agricole donc tout ce qui est agro business. Cette ONG va être chargée justement d’installer des jeunes en partie dans la ferme école, mais également dans d’autres centres de formation qui vont être menés à se former sur des métiers agricoles. Le deuxième volet c’est l’agro écologie qui va mettre l’accent sur les énergies renouvelables  surtout sur le solaire. Aujourd’hui, il y a des avancées sur les plaques solaires qui ne sont pas suffisamment divulguées à l’intérieur du pays. Le troisième c’est le microcrédit pour l’acquisition des équipements d’énergie solaire, des microcrédits agricoles , des microcrédits traditionnels pour accompagner les jeunes et des microcrédits qui permettront justement aux débutants qui auront fait leur preuve au cours de la formation pour les accompagner. Une équipe de six (06) personnes est actuellement à l’œuvre, si tout va bien d’ici le 1er mars, l’ONG sera opérationnelle.   EA : Bien avant le projet de la ferme école, ce fut l’observatoire que vous aviez lancé. Doit-on s’attendre à un nouveau produit Gerry Tama en cette période de récréation politique qui risque d’être longue ? Gerry Taama : J’ai pu lancer l’observatoire  et la ferme parce que sur le plan politique il n’y a pas grande chose et nous n’allons rien faire jusqu’en 2018. Manifestement, selon toutes les informations les élections locales n’auront lieu éventuellement qu’associées aux élections législatives. Par conséquent, aujourd’hui nous avons le temps d’expérimenter toutes choses. Honnêtement, je ne pense pas qu’un président de parti politique comme le nôtre passe son temps uniquement qu’à faire la politique. Je ne pense pas qu’il aura une autre chose, déjà qu’en étant permanent tout autour du projet de la ferme école, je ne pense pas me lever et créer autres choses encore, il faut qu’en même dormir la nuit. Un mot de fin ? Gerry Taama : Je veux dire aux jeunes que nul ne viendra à leur secours. Il y a des initiatives qui sont mises en place le PRADEB, le FNFI, le ANPGF…. Il faut aller vers ces initiatives  quelque soit votre bord politique. Aujourd’hui attendre ne sert à rien, il faut se lever et cultiver son jardin. Propos recueillis par Jérémie G. et Fafa A.]]>

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