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Les structures de soins bientôt en gestion contractuelle ?

Le gouvernement togolais veut passer le mode de gestion des structures de soins publiques, en approche contractuelle. C’est le plus gros chantier du nouveau ministre, le professeur Mustafa Mijiyawa, qui depuis sa nomination, travaille d’arrache-pied sur la question.

Fin d’année 2015, une rencontre avec les différents acteurs du secteur de la santé, impliqués dans la gestion des hôpitaux publics, a eu lieu à Lomé, pour prendre connaissance et discuter de l’approche contractuelle de gestion des structures de soins publiques, juste après une communication sur la question en conseil des ministres.

Hier, le ministre de la santé et ses conseillers étaient à Atakpamé. Au cours d’une rencontre avec les différents responsables de services, les directeurs régionaux et préfectoraux de la santé, et les différents responsables des hôpitaux publics. L’approche contractuelle de gestion des hôpitaux publics a été présentée et a suscité une véritable adhésion de ces différents acteurs.

Ce matin, c’est au tour des partenaires techniques et financiers du ministre de la santé, d’être informé sur la nouvelle approche, au cours d’une rencontre dans les locaux du ministère.

Le secteur de la santé est un secteur très défectueux dans le pays. Le CHU Sylvanus Olympio, principal centre hospitalier du pays est présenté par beaucoup comme un mouroir, plutôt que comme un centre de soins.

Secteur prioritaire, à l’avant-garde du quinquennat social du président Faure Gnassingbé, le secteur de la santé doit subir une réforme en profondeur, et cette réforme passe par une réforme du système de gestion des hôpitaux publics, et structures de soins sanitaires publics, indique le prof Mijiyawa.

 

Des statistiques édifiantes

Le problème du secteur de la santé, il ne faut pas le poser en termes de ressources humaines, ni en termes de ressources matérielles ou financières, souligne le prof Mijiyawa.

Le personnel salarié des hôpitaux publics est de presque 11 000 agents (dont 268 médecins, 17 pharmaciens, 4106 paramédicaux, 3459 personnels d’appui) aidé dans la tache par plus de 12000 agents de santé. La faculté de médecine met sur le marché chaque année, 40 nouveaux médecins, les autres écoles de formation aux métiers médicaux (ENAM, ENFS, EAM, ESTBA…) mettent plus de 500 nouveaux diplômés sur le marché chaque année.

Les ressources financières, et les financements aussi sont légions. Les trois centres hospitaliers universitaires (CHU) du pays (CHU Sylvanus Olympio, CHU Campus et CHU Kara) à eux seuls, consomment chaque année plus de 35% du budget alloué à la santé.

Qu’est qui peut alors expliquer une telle disparité, entre les ressources disponibles et les résultats et performances observés sur le terrain.

« La gestion », explique l’ancien doyen de la faculté des sciences de la santé à l’université de Lomé.

Le seul cas du centre hospitalier Sylvanus Olympio est révélateur.

Les recettes mensuelles de ce centre, s’élève à 70 millions de nos francs, alors que les charges s’élèves chaque mois, à plus de 240 millions, dont plus de 140 millions en charge du personnel contractuel (près de 52%) du personnel total. Il y a également de quoi s’inquiéter quand on connait l’état de salubrité de ce centre hospitalier et quand on sait que près de 21¨% des quelques 1200 employés du centre, sont des agents d’entretien, donc payer pour veiller à la propreté du centre.

Le CHU Sylvanus Olympio, compte environ 800 lits, pour un taux d’occupation de moins de la moitié. Les registre de consultations de cet hôpital indique que la performance des médecins, s’élève à trois consultations par médecin, et par jour.

Nous passons volontairement sous silence, les différentes magouilles des agents, les produits qui périssent à la pharmacie, faute de prescription, les prescriptions étant orientés par des délégués médicaux, et le refus des agents de pharmacie de vendre aux assurés INAM(le CHU Sylvanus Olympio a facturé un peu plus de un million de nos francs à l’INAM, contre 107 millions pour le CHP Kpalimé en 2015)

Faut rappeler également que plus de 1 milliards de nos francs décaissé par l’OMS pour différents projets, ont été dépensés, mais n’ont pas pu être justifié par les structures de soins publiques.

 

Reformer à tout prix

La contractualisation est la seule solution pour reformer la gestion des systèmes de santé, dans son ensemble. « Dans tous les pays ou le système de santé est efficace, et les hôpitaux, au service des malades, surtout des plus démunies, l’on est passé par la contractualisation de la gestion des structures de soins publics », rappelle le ministre de la santé et de la protection  sociale.

Il s’agit de régler les problèmes nombreux et souvent décriés des structures de soins publiques, de manière systémique.

Les experts du département de la santé ont déjà commencé l’élaboration des documents juridiques et opérationnels pour la contractualisation. Pour une telle réforme, il faudrait y aller étape par étape, souligne le maitre d’orchestre.

Bientôt, un appel sera lancé pour choisir une société privée ou une organisation internationale ou association, disposant d’une expertise avérée dans la gestion de structures sanitaires. Tout va commencer progressivement avec quelques services du CHU Sylvanus Olympio, avant de s’étendre à l’ensemble de l’hôpital puis aux autres structures sanitaires du pays.

Pendant ce temps, serein, le professeur communique, pour susciter l’adhésion du plus grand nombre d’acteurs. Ce soir, il sera sur le plateau de la TVT pour un direct dans le JT de 20h. La pédagogie, la méthodologie et la rigueur caractéristique des professeurs d’université semble guider son action à la tête de son département.

Déjà des fonctionnaires indélicats, ayant détourné de l’argent ont été mis aux arrêts, et d’autres, sommés de rembourser des perdiem de séminaires indument perçus.

La contractualisation aboutira-t-elle de la meilleure des manières, et surtout contribuera-t-elle à soulager le calvaire que subissent les populations les plus vulnérables, dans nos centres de santé ?

Nous y reviendrons.

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