Les pays africains sont plus que jamais face à des choix décisifs pour la construction d’un cyberespace respectueux des libertés et répondant aux besoins de leurs citoyens. C’est un chantier majeur qui attend le continent.
Les premières connexions à Internet sur le continent africain sont arrivées dès la fin des années 1990 grâce à des satellites géostationnaires. Durant la même décennie, des projets de constellations satellitaires ont aussi vu le jour. C’est dans un second temps que des câbles sous-marins ont été mis en place autour du continent ainsi que des dorsales terrestres. Les premiers câbles reliant l’Europe, l’Afrique et l’Asie ont été mis en activité en 2002. Plus récemment encore, des projets de drones et de ballons ont été testés et de nombreux câbles sous-marins ont été posés.
25 % d’internautes en Afrique subsaharienne
Ces infrastructures ont eu pour effet d’améliorer significativement l’accès à Internet et la qualité de service sur le continent. Les satellites ont ainsi permis une couverture large de réseau. Étant très onéreux, leur usage a cependant longtemps été réservé aux représentations diplomatiques, aux multinationales et aux bailleurs. Ce sont les câbles sous-marins et les premières dorsales terrestres qui ont permis d’offrir une connexion à un coût plus réduit et plus accessible.
Aujourd’hui, la Banque mondiale évoque une moyenne de 25 % d’internautes en Afrique subsaharienne, contre 60 % en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, pour une moyenne mondiale de 50,8 % (contre 82,4 % en Europe et 87,6 % en Amérique du Nord). Le Tchad n’a que 6,5 % d’internautes au sein de sa population alors que l’Afrique du Sud a passé la barre des 57 % en 2019. Les internautes africains vivent majoritairement en zone urbaine et l’accès à Internet reste très disparate selon les pays. En effet, environ 45 % des Africains vivent à plus de 10 kilomètres d’une infrastructure réseau à fibre optique.
Une lutte pour le contrôle des infrastructures numériques
Le contrôle des infrastructures numériques est devenu un enjeu central, autant pour les géants du numérique que pour les États. La filiale de Google Csquared installe ainsi des infrastructures numériques sur le continent africain pouvant avantager les services de Google. De la même manière, Free Basics favorise l’accès des plus démunis aux services de Facebook. De nouvelles constellations satellitaires sont prévues et deux nouveaux projets de câbles, portés par Google et Facebook, sont à l’étude. De son côté, Orange travaille sur le premier réseau panafricain de l’Ouest et a déjà permis à de nombreux usagers d’accéder à l’Internet mobile dans les zones les plus peuplées. Les besoins en souveraineté et en régulations se font de plus en plus sentir.
Par Olivier Alais
Responsable équipe projet numérique à l’AFD
Avec ideas4development.org/