Décès d’Idriss Déby : voici ces présidents africains devenus « maréchal » et dirigeants à vie

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Bien avant Idriss Déby, de nombreux dirigeants africains se sont donné le titre de maréchal ou des statuts de dirigeants à vie.

Le président tchadien Idriss Déby est décédé des suites de blessures
Le président tchadien Idriss Déby est décédé des suites de blessures

Ce 11 août, date marquant le 60ème anniversaire de l’indépendance du Tchad, le président Idriss Déby Itno est devenu officiellement maréchal.

Il s’agit du grade militaire le plus élevé dans l’armée de ce pays d’Afrique centrale qui a connu une succession de rébellions, d’insurrections et de coups d’Etat souvent sanglants.

Ce passage de général à maréchal fait suite à une lutte quasi personnelle qu’Idriss Déby mène contre les combattants djihadistes au Tchad, au Niger et plus largement dans la bande sahélienne.

L’homme qui a passé plus d’un quart de siècle au pouvoir est largement considéré comme l’une des personnalités les plus influentes et les plus compétentes dans le domaine militaire dans la région.

Idriss Deby n’est pourtant pas le premier sur le continent à être élevé à ce rang même si dans son cas, son parti estime qu’il reçoit ce grade militaire en qualité de héros.

La BBC s’est intéressée à certains dirigeants africains qui ont atteint ce grade militaire ou un rang quasi équivalent soit en se déclarant le titre eux-mêmes, soit en se faisant accorder leur statut par le parlement de leur pays.

Idi Amin Dada : le Field Marshal de l’Ouganda

Idi Amin Dada est un ancien président ougandais né en 1925 dans la ville de Koboko, dans le nord-est du pays.

Il fait ses études en Ouganda et a servi dans l’armée britannique en 1945, connue sous le nom de King’s African Rifles (KAR).

Après avoir renversé le gouvernement du premier président élu du pays, Milton Obote, il devient président de l’Ouganda en 1971 et dirige le pays pendant huit ans.

En 1979, Amin Dada est forcé de fuir la capitale ougandaise sous la pression de l’armée de libération nationale de l’Ouganda. Il va trouver refuge en Arabie Saoudite, où il meurt en 2003.

Il s’est donné le titre de Field Marshal, grade à cinq étoiles le plus élevé dans l’armée ougandaise et de président à vie en 1975.

L’Occident le considère comme un dictateur qui a paralysé l’économie ougandaise et conduit un régime basé sur la terreur et les crimes de masse.

Mobutu Sese Seko : le papa président aux noms multiples

Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga

Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga est le nom que se donne en 1971 Joseph Désiré Mobutu.

Celui qui a dirigé d’une main de fer le Zaïre (actuelle République démocratique du Congo) est né en le 14 octobre 1930 à Lisala au Congo Belge.

C’est lui qui va rebaptiser le Congo Belge devenu Congo-Kinshasa en Zaïre au même titre que la monnaie du pays et son principal fleuve.

A la suite d’un coup d’Etat, il arrive au pouvoir le 24 novembre 1965 et s’impose par la force des armes et l’instauration d’un parti unique en 1982.

La même année, il devient donc maréchal-président du Mouvement populaire de la Révolution, seul parti politique autorisé dans le pays.

Il est connu pour avoir imposé un costume traditionnel baptisé Abacost (à bas le costume), une version zaïroise du costume occidental.

Mobutu a aussi demandé que les Zaïrois se choisissent des prénoms d’origine africaine et locale, ce qu’il fait lui-même en devenant Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga, c’est-à-dire « Mobutu le guerrier qui va de victoire en victoire sans que personne ne puisse l’arrêter ».

Mohamed Hussein Tantawi : maréchal d’Egypte

Mohamed Hussein Tantawi

Mohamed Tantawi est né dans la région de Nubie, entre l’Égypte et le Soudan, en 1935. Il a obtenu son diplôme pour rejoindre l’armée en 1956 en Égypte.

Il est devenu président de l’Égypte après le renversement du président Moubarak. Le 11 février 2011, il est devenu président, et s’est retiré du pouvoir le 30 juin 2012.

Pendant plus de 50 ans, il a participé aux grandes guerres égyptiennes, dont celles face à Israël, et c’est là qu’il a obtenu le grade de maréchal.

En 1991, à la suite de l’occupation du Koweït par l’Irak, il a fait partie des forces de la coalition lors de la première guerre du Golfe. Il a reçu des diplômes honorifiques d’Égypte, du Koweït et d’Arabie Saoudite.

La même année, il a été nommé ministre de la défense de l’Égypte et commandant en chef des forces armées égyptiennes de 1991 à 2012.

Mohamed Tantawi a la réputation d’avoir évité toute infiltration de l’armée par les Frères musulmans.

Jean-Bédel Bokassa : maréchal et empereur à vie de la République centrafricaine

Jean-Bédel Bokassa

Bokassa est né le 22 février 1921 dans le comté de Bobangui, à M’Baka, plus précisément dans le village de Lobaye.

Il va à l’école à Brazzaville, veut devenir pasteur mais ses parents le persuadent plus tard de rejoindre l’armée coloniale française.

Après la fin de ses études en 1939, il s’est engagé dans l’armée et est devenu soldat en 1941. Il a combattu sous la bannière de l’armée française dans la guerre contre les nazis.

En janvier 1962, Bokassa quitte le contingent français et rejoint l’armée de la République centrafricaine (RCA) successivement en tant que colonel, conseiller militaire, puis chef d’état-major en 1964.

Fort de cette posture à la tête de l’armée, il renverse son cousin et premier président de la République centrafricaine David Dacko et dirige le pays entre 1966 et 1976.

Il s’est déclaré président à vie en 1972, maréchal en 1974 et empereur de la République centrafricaine de 1976 à 1979 faisant changer le nom du pays en « Empire centrafricain ».

L’empereur à vie a été largement critiqué pour son rôle dans le massacre de 100 écoliers, qui a conduit à son éviction par les forces françaises.

Jean-Bédel Bokassa a fait brièvement escale en Côte d’Ivoire et s’est ensuite exilé en France.

Après des années d’exil, il est retourné en République centrafricaine en 1980, a plaidé coupable aux accusations portées contre lui et a été condamné à la prison à vie.

Il a été libéré en 1993 après avoir purgé une peine réduite, et est décédé en novembre 1996 d’une crise cardiaque.

A l’occasion du 50ème anniversaire de l’indépendance du pays en 2003, M. Bokassa a été gracié.

Avec BBC

Dieudonné AMOUZOUVI
Dieudonné AMOUZOUVIhttp://elitedafrique.com
Journaliste. A rejoint Elite d'Afrique en 2017. S’intéresse essentiellement aux mutations sociales et politiques des sociétés africaines modernes. Passionné par les nouvelles technologies.
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