Si un calme précaire et trompeur a régné en Côte-d’Ivoire ce week-end, la situation s’est empirée le lundi 15 mai à Abidjan, Bouaké, et dans certains centres urbains du pays. Les ex-rebelles des Forces Nouvelles qui, à coup de mutinerie, avaient obtenu la promesse du versement d’une prime et l’amélioration de leur condition de vie et de travail, sont à nouveau descendus dans les grandes artères du pays. Pour cause, la diffusion d’une séance de demande pardon et de renoncement de ces mêmes primes par certains de leurs frères d’armes sur la chaine nationale ivoirienne.
Selon le porte-parole des mutins, « Ce n’est pas un coup d’Etat. Nous voulons nos primes. Le président a signé un papier pour dire qu’il était d’accord pour nos primes. Quand il paiera, on rentrera chez nous. On ira jusqu’au bout. On ne baissera pas les armes. Nous sommes les 8 500 qui avons porté Ouattara au pouvoir, on ne veut pas le faire partir mais il doit tenir sa parole. C’est simple. ». Ces propos, en eux seuls, témoignent du rôle capital de l’ex-rébellion des Forces Nouvelles dans le couronnement d’ADO.
En effet, après les élections de 2010 qui auraient vu la victoire de Alassane Ouatara, et face au refus de Laurent GBAGBO de quitter le pouvoir, ADO a fait appel à un groupe d’hommes armés pour entrer en possession de son dû. Amis hier, adversaires aujourd’hui. Entre l’entente pour chasser Gbagbo du pouvoir pour le mettre au cachot à la CPI et la mésentente des jadis alliés, il n’y a qu’un seul pas.
La situation semble être réglée avec l’intervention d’Alassane Ouatara, le 7 janvier dernier, reconnaissant la légitimité des réclamations des mutins et acceptant le règlement des primes réclamées. Mais avec la comédie musicale jouée sur la chaine nationale ivoirienne le 11 mai dernier, avec comme contralto et chef d’orchestre Alassane Outara qui a accepté pardonner ses « jeunes », où certains soldats ont été exhibés demandant pardon et renonçant aux primes réclamées autrefois, le pays s’est à nouveau plongé dans l’incertitude. C’est dire que certains hommes d’Etats africains, oublient vite l’histoire et préfèrent prendre des cours de rattrapage express avec les évènements. Comme le dirait l’autre, le chemin qui mène à la cime, est le même qui ramène à terre.
Le nouvel accord annoncé, suite à cette nouvelle mutinerie suffira-t-il à calmer les uns et les autres ? L’avenir n’attend rien de plus de nous pour nous le dire un jour. Mais déjà, on peut s’assurer d’une chose, le payement de ces primes aura un impact considérable sur l’économie d’un pays qui s’apprête à lancer un emprunt.