Ces derniers temps, on assiste à une immixtion dangereuse de l’Eglise dans les affaires politiques. Transformant des fois l’Eglise et les homélies en tribune politique pour un procès du gouvernement et du Parti au pouvoir.
A titre d’exemple, un prêtre d’une paroisse d’Atakpamè, a appelé ceux qui en ont la possibilité, à jeter de mauvais sorts au Président de la République pour lui nuire.
Une situation dangereuse encouragée malheureusement par la Conférence des Évêques du Togo quand on sait que les Eglises togolaises sont fréquentés par les partisans de l’opposition et du parti au pouvoir.
Si l’on y prend garde, cette situation risque de conduire le pays dans un bain de sang, avertit le Jule Sotima, un fidèle catholique dans une lettre ouvertes adressée aux Pères Évêques. « La messe est trop sacrée pour être le lieu de débats politiques. Évitons des situations difficiles qui vont fragiliser notre Église. » écrit le fidèle.
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Lettre ouverte au Nonce apostolique, aux évêques et aux prêtres
Soyez prêtres de l’Evangile et non des soulèvements
Chers évêques et prêtres de l’Eglise famille de Dieu du Togo, en ce dimanche où le calendrier liturgique célèbre l’amour, je viens avec tout le respect que méritent vos rangs, pour vous exposer mes réflexions sur ce que j’observe comme dérives dans nos églises, lors des célébrations eucharistiques depuis l’exhortation apostolique de Kpalimè.
Chers pères,
La situation politique que traverse le Togo depuis quelques mois interpelle forcément tous les filles et fils de ce pays. Chacun en ce qui le concerne, a une part à jouer pour que le développement et l’enracinement de la démocratie et de l’État de droit soient réalité. En tant que prêtres, votre rôle est davantage important pour une union des cœurs, dans la prière, la fraternité, la paix, le dialogue et la solidarité. J’espère vivement que mon appel sera reçu par vous, comme celui de Dieu à Saül devenu Paul sur le chemin de Damas.
Chers pères,
En invitant les prêtres à appeler bien bien et mal mal, vous êtes dans votre rôle d’apôtre de la vérité. Mais quand vous autorisez les prêtres à transformer les messes en meetings politiques ou en tribunal pour un procès du gouvernement et du Parti au pouvoir, c’est inquiétant. Et c’est peu dire.
Dans trois églises de notre pays, des prêtres, dans leurs homélies de ce dimanche, ont appelé ouvertement les fidèles à se lever pour chasser le régime en place. L’un des prêtres, d’une paroisse d’Atakpamè, a même appelé ceux qui en ont la possibilité, à jeter de mauvais sorts au Président de la République pour lui nuire. Ce n’est pas une fiction mais la réalité. Une conséquence de votre exhortation appelant les prêtres à intervenir ouvertement dans le débat politique. J’ose croire que ces dérives ne sont pas en accord avec votre sacerdoce et votre mission déclinée par le Concile Vatican 2.
Chers Nonce apostolique et évêques,
Il est encore temps d’arrêter cette plaie qui s’ouvre dans notre Église qui, déjà, se vide de ses fidèles. La crise de foi que traverse notre continent est suffisamment éprouvante pour qu’on y ajoute cette incursion politique. L’exemple de la République démocratique du Congo est édifiant : la CENCO a failli conduire le pays dans un bain de sang. Est-ce cela notre exemple ? Non. Le peuple togolais n’a plus besoin de conflits surtout ethniques ou politiques.
S’il est encore possible, et je l’espère, ramenez les prêtres à l’ordre. L’Eglise est pour les militants du parti au pouvoir, de l’opposition, de la société civile… pour tout le monde sans distinction. La messe est trop sacrée pour être le lieu de débats politiques. Évitons des situations difficiles qui vont fragiliser notre Église.
Les évêques doivent continuer dans la médiation habituelle, sans parti pris et surtout sans y mêler les célébrations eucharistiques.
En tant que fidèle catholique, je vous le demande. Nous avons besoin d’Evangile et non de politique à l’Eglise.
Fraternellement et dans l’obéissance
Votre frère Jules SOTIMA