Les élèves en classes d’examen on repris le chemin des classes. Mais ceux des classes de passage, que deviennent ils? Pendant que d’autres profitent des vacances, d’autres pensent reconversion.
Il n’y a pas d’âge pour se lancer en affaires dit-on, pas vrai? Le jeunot a vite compris et intégré cette maxime.
Haut comme un petit bonhomme de 11 ans dans son shirt noir et son petit pantalon noir moulant, grattoir en mains, il déblaie la surface d’un mur qui bientôt sera enduit de graisse par ses aînés quelque part à Attiegou.
En classe de Cm1 avant que le Coronavirus ne viennent tout chambouler, comme il l’explique lui même « j’habite dans la même maison que le patron. Pour ne pas inutilement perdre mes journées, je le suis sur les chantiers pour apporter mon aide».
Une aide qui au final se révèle capitale. Le plus jeune d’une bande d’adolescent d’au plus 20 ans coiffé par l’apprenti senior Emmanuel, 24 ans, Kephas est devenu l’enfant à tout faire, tantôt allant chercher de la nourriture, tantôt récurant pinceaux et compagnies, tantôt nettoyant le sol…
Par jour, Kephas l’apprenti de circonstance surnommé « apprentivi » a droit à une cagnotte de 500 francs CFA, une somme dont il ne se plaint pas, mais espère mieux. « Quand je serai patron aussi je serai très content parce que j’aurai beaucoup d’apprentis et d’argent».
Si pour l’instant, son âge l’empêche d’être officiellement un apprenti, il ne perd pas l’espoir de travailler sous la supervision d’Emmanuel.
Emmanuel, le futur patron est favorable à cette idée et ne tarit pas d’éloges à son endroit. « Le petit là s’il est mon apprenti, je jure qu’il sera gâté, car il aime travailler. Pouvez vous imaginer? Il n’est pas vraiment apprenti mais il s’investit plus que certains apprenti même. Il n’est pas paresseux et moi j’aime les travailleurs».
Pas paresseux, pas grand mais pas con. Il ne se laisse sous aucun prétexte marcher dessus. Jewel alias Rasta (il est selon leur senior le plus paresseux) l’a compris à ses dépens.
Ils se sont disputés plus d’une fois à cause des ordres controversés qu’il donne à Kephas. «Tantôt il me dit de gratter ici, tantôt là, tantôt de laisser tomber , tantôt de faire ceci, tantôt de faire cela..» Emporté, Kephas lui fit comprendre qu’il n’était pas son apprenti en partant se coucher tranquillement.
Visiblement séduit par la peinture, il n’en oublie tout de même pas l’école. « Quand l’école reprendra j’irai continuer mes études mais dès que je finit l’école, je vais revenir (…) »