A l’occasion de la commémoration de la journée internationale de la liberté de presse, célébrée le 03 mai de chaque année, l’Observatoire Togolais des Médias (OTM), est monté au créneau pour faire l’état des lieux de la presse togolaise.
Un état des lieux sur les conditions de travail des journalistes togolais et sur la liberté de la presse au Togo plus ou moins mitigé selon le rapport rendu publicq par l’instance d’autorégulation et le tribunal des paires des médias togolais.
Selon le rapport, les difficultés de la presse togolaise sont liées aux ressources humaines et matérielles ainsi qu’au manque de professionnalisme.
« Les handicaps à l’émergence d’une presse plus professionnelle et plus libre au Togo sont nombreux et l’on peut retenir entre autres, l’insuffisance dans le management des entreprises de presse ; la discrimination des organes de presse par les acteurs étatiques et non étatiques ; la faiblesse de la rémunération ; l’insuffisance de qualification des ressources humaines (formation, recyclage, culture générale), la vétusté des infrastructures et du matériel de travail ; la violation récurrente de la règle de confraternité ; la pluralité des organisations de presse qui se combattent parfois plutôt que de se compléter », relève le rapport.
Toute fois, le document fait savoir que les conditions de travail dans les médias publics ne sont pas enviables et les principales difficultés sont l’absence de statut particulier, non transformation des médias publics en offices, faiblesse de la subvention de l’Etat, ligne éditoriale sous contrôle.
« Une aide de l’Etat à la presse insuffisante, l’absence de convention collective sectorielle; l’absence de couverture sociale pour les journalistes, la politisation excessive de la presse, la mévente et la rareté des recettes publicitaires, l’absence de messagerie, un manque de centrale d’achat d’intrants, la non application des Accords de Florence qui recommandent la détaxe sur les intrants, des redevances à l’ART&P et au BUTODRA trop élevées », relève également le document.
A en croire ce même rapport, malgré les conditions misérables dans lesquelles travaillent les journalistes togolais, les relations entre ces derniers et les autorités togolaises sont au beau fixe.
« Après la présentation du rapport du comité de suivi des états généraux de la presse sur les réalisations des recommandations issues de ces états généraux, les relations entre le ministère de tutelle et la presse semblent au beau fixe. Ces bonnes relations ont permis de faire un progrès sensible dans le domaine de la liberté d’expression et du droit à l’information publique par le vote et la promulgation de la loi portant liberté d’accès à l’information et la documentation publique le 10 mars 2016, renforçant ainsi le rôle des médias dans la lutte contre la corruption et les fraudes », a indiqué le document avant de préciser.
« Néanmoins, le vote, le 02 novembre 2015 par l’assemblée nationale, du nouveau code pénal togolais a désagréablement surpris la presse togolaise. Celle-ci a affirmé haut et fort que les dispositions de l’article 497 de ce code sont en conflit avec l’article 82 du code de la presse et de la communication et portent atteinte à la liberté de la presse et la dépénalisation du délit de presse au Togo ».
Par ailleurs le rapport relève certains écarts dans cette supposée bonne relation qui siège entre les professionnels des médias et les autorités togolaises.
« Les convocations des Directeurs de Publication des journaux « LE RENDEZ-VOUS », « LIBERTE » et « L’INDEPENDANT EXPRESS » par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) sur une plainte conjointe des ministres de l’Economie, des Finances et de la Planification du Développement, puis des Infrastructures et des Transports, dans une prétendue affaire de détournement, ont été interprétées par la presse comme une chasse aux journalistes jugés critiques vis-à-vis de certaines personnalités. Il en est de même de la convocation au Service des Renseignements et d’Investigations (SRI) de Luc ABAKI de « La Chaine du Futur » (LCF) et Zeus AZIADOUVO, pour diffusion d’un documentaire sur la prison civile de Lomé » a-t-il déploré.
Le document n’a pas manqué de relayer également différends que les professionnels des médias eux même établissent entre eux.
« On note les attaques de certains journalistes contre la personne du président du Conseil National des Patrons de Presse au Togo et les attaques répétées et infondées du journal « LE PERROQUET » contre l’Observatoire Togolais des Médias (OTM) et la personne de son président dans ses colonnes et sur les réseaux sociaux. La méfiance que nourrissent les partis politiques et la société civile vis-à-vis de la presse ne semble pas avoir changé. En témoignent les menaces du responsable syndical Sébastien Ayikoé TEVI sur la personne du confrère Joachim AGBETIM de radio victoire FM », dénonce le rapport.
Fort de tous ces écarts et manquements, l’instance d’autorégulation et le tribunal des paires a adressé un certains nombre de recommandations à l’endroit de tous les acteurs du monde médiatique togolais.
« L’OTM recommande aux autorités étatiques, la mise en application du reste des résolutions et recommandations issues des états généraux de la presse de juin-juillet 2014; aux partis politiques de cesser l’instrumentalisation des journalistes et des médias ; aux médias de se conformer aux résolutions et recommandations des états généraux de la presse ainsi qu’aux rappels à l’ordre de l’OTM et de la HAAC. Il s’agit notamment du respect des règles d’éthique, de déontologie et de confraternité telles que prescrites par le Code de la presse et de la communication et le Code de déontologie des journalistes du Togo.
L’OTM recommande aux Organisations de presse, la poursuite des efforts en vue d’aboutir dans un délai raisonnable à des regroupements uniques ou des fédérations des journalistes du privé et du public d’une part, et des patrons de presse d’autre part ; L’accélération et l’aboutissement du processus de mise en place de la convention collective sectorielle ; La création d’une messagerie et d’une centrale d’achat.
Il faut que le thème retenu cette année pour la commémoration de cette journée est « Accès aux informations et aux libertés fondamentaux c’est vous ». Selon le classement 2016 de Reporters Sans Frontières (RSF), le Togo occupe le 88ième rang sur 180 pays. Soit un recul de 8 places.