« Seïf Al-Islam est mis en liberté et se trouve sur le sol libyen. C’est tout ce que je peux vous dire ». C’est en ces termes que le Colonel Ajmi Al-Atiri, chef de la brigade d’Aboubakr Al Seddik et responsable des prisons de la ville libyenne de Zintane a confirmé la libération de Seif Al Islam. Après plus de cinq ans de détention, le second fils de Kadhafi et homme fort du régime de son père recouvre la liberté vendredi 9 juin 2017 au soir.
Tout commence en novembre 2011, un mois après la chute du régime du leader libyen Mouammar Kadhafi, quand, à la frontière entre le Niger et la Libye, Seif Al Islam fut arrêté. Jugé et condamné par contumace à la peine de mort par le tribunal de Tripoli à la solde du gouvernement tripolitain, Seif Al Islam fut reconnu coupable de crimes de guerres.
D’ailleurs, le prétexte fut tout trouvé par les occidentaux pour intervenir en Libye. Moins de six ans d’expérience de la démocratie à l’oncle Sam suffisent amplement aux Libyens pour faire une petite comparaison entre la « dictature kadhafiste » et la « démoncratie occidentale ». La libération de Seif Kadhafi, est-ce un message de maturité des Libyens ou un épisode du feuilleton de recherche de suprématie entre les deux hommes forts du moment, Fayez el-Sarraj et Khalifa Haftar ? Les Libyens et le temps nous le diront.
Chose qui n’a surpris personne, la griotte de la CPI, la dame de Banjul, Fatou Bensouda ne s’est pas faite supplier pour lancer ses chiens de garde derrière Seif Al Islam. Recherché par la CPI bien avant la chute du régime de son père, pour avoir joué « un rôle-clé dans la mise en oeuvre d’un plan » visant à « réprimer par tous les moyens nécessaires » le soulèvement des Libyens, le cadet des fils kadhafi a vu son mandat d’arrêt international renouvelé. Lucidité ou zèle de la part du bureau de la procureure de la CPI ? Bien malin celui qui trouvera une réponse impartiale à cette question. Néanmoins, Bensouda a une image mitigée en Afrique, sa terre natale. Pour nombre d’observateurs, elle serait à la solde de la « communauté internationale » et un outil de néocolonialisme en Afrique. C’est donc sans surprise que maints pays africains avaient décidé de quitter l’instance judiciaire internationale.
La CPI aura-t-elle raison de celui qui, en 2015, fut désigné chef du Conseil suprême des tribus libyennes alors qu’il était toujours en détention ? Deux chose sont sures ; capturé par l’un des groupes rivaux de Libye, Seif Al Islam ne sera probablement pas transféré à la CPI et en liberté, il constitue un sérieux prétendant au fauteuil de son père. Comme quoi, entre la prison et la présidence, il n’y a qu’un seul pas.