Quand agents formés sur le tas régissent des dispensaires

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A la tête de plusieurs formations sanitaires du pays, se trouvent des agents formés sur le tas, contrairement aux prescriptions du code de la santé Publique du Togo. Une situation qui a court depuis des années, avec la complicité des directeurs préfectoraux de la santé et sous le regard passif du ministère de la santé. Au grand dam de la population dont la santé est sacrifiée. Revue !

Le système de santé du Togo est organisé en une pyramide sanitaire à trois niveaux : central, intermédiaire et périphérique qui s’appuie sur un partenariat communautaire très dynamique. Bien que ce système soit très organisé, la santé reste l’un des maillons faibles du processus de développement du pays.

. Au plan administratif il ya une pyramide sanitaire à trois niveaux : central, intermédiaire et périphérique. Le niveau central est représenté par le cabinet du ministère, le secrétariat général  (SG), deux directions générales et une dizaine de directions centrales avec leurs divisions et services, ainsi que les institutions de santé à portée nationale. Le niveau intermédiaire comprend 6 directions régionales de la santé (DRS); le niveau périphérique est représenté par le district sanitaire qui constitue l’entité opérationnelle. L’administration des districts sanitaires est assurée par les 30 directions préfectorales de la santé (DPS) et 5 directions de district sanitaire (DDS).

 

Organisation

Le système de prestations de soins est également organisé en trois niveaux de soins : primaire, secondaire et tertiaire. Le niveau primaire est constitué des structures de soins de santé primaires autour du district sanitaire et comprend deux échelons : les structures de soins de base (USP, cabinet privé de soins et PMI) et les structures de soins de première référence (HD) publiques ou privées avec ou sans Antenne chirurgicale ; Le niveau secondaire est représenté par les Centre Hospitalier Régional (CHR) et hôpitaux spécialisés de référence ; Le niveau tertiaire est constitué par les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) et les institutions spécialisées de santé  de portée nationale.

Le Togo compte 3 CHU (2 à Lomé et 1 dans la région de Kara), 6 CHR (1 par région sanitaire), 39 hôpitaux publics et privés et 242 cliniques/cabinet privés. On recense également 639 Unités de Soins Périphériques. Au total, selon le document des Principaux Indicateurs de santé de 2013, le Togo compte 1019 formations sanitaires toutes catégories confondus.

Le partenariat communautaire dans le système de santé est un élément clef permettant de réduire les disparités dans l’accès aux soins de santé de base. Ce renforcement de la participation communautaire sera réalisé à travers la mise en place d’actions favorisant : les dynamiques communautaires existantes (comités de santé, comités de gestion-COGES, coopératives et groupements d’intérêt économique, etc..) afin de leur donner un rôle central dans le processus de gouvernance du système de santé décentralisé ; la participation des communautés dans le processus de planification notamment dans l’analyse des contraintes et dans le suivi de la mise en œuvre des soins de santé primaires ; les initiatives communautaires de santé comme l’Assainissement Total Par la Communauté (ATPC).

Cette organisation est définie par le code de la santé publique adopté le 13 mai 2017 qui régit également les questions de santé dans le pays.

Ce code dispose que nul ne peut exercer des professions paramédicales au Togo s’il n’est  titulaire d’un diplôme d’Etat correspondant à l’une des professions paramédicales ou d’un diplôme reconnu et jugé équivalent par le gouvernement togolais.

 

Inquiétudes

Ce même code dans son article 616 indique que la formation initiale des professionnels de santé est assurée sous la responsabilité et le contrôle de l’Etat. Et que seuls sont habilités à dispenser la formation prévue à l’article 616 ci-dessus les écoles ou facultés de médecine et de pharmacie, les écoles ou centres de formation des paramédicaux, les écoles ou centres de formation en santé publique, les écoles ou centres de formation en gestion et administration des services de santé, nationaux ou étrangers, créés ou reconnus par l’Etat.(article 617).

Force est de constater que malgré ces dispositions, des structures de formation sur le tas sortent légions et chaque années, des centaines de professionnels de la santé sortent de ces formations.

Le constat est que contrairement aux dispositions pertinentes de la constitution et du code sur le droit à la santé, la gestion de structures de formation sanitaires sont confiés à du personnel formé sur le tas au mépris du droit inaliénable à la santé sans distinction d’origine, de sexe, d’âge, de condition sociale, de race et de religion qui relève de la responsabilité de l’Etat.

Selon l’ANIT, l’association nationale des Infirmiers du Togo, ce sont près de 15 % des 639 Unités de Soins Périphériques communément appelés dispensaires repartis sur l’ensemble du territoire qui sont concernés par le phénomène.

Les principaux responsables de ce phénomène sont les Directeurs préfectoraux de la santé, qui désignent les responsables des USP. Il faut néanmoins reconnaitre qu’il ya des districts sanitaires bon élève comme le Haho, ou presque tous les responsables des USP sont des agents diplômés d’état. Et moins bon, comme le Yoto, ou nous avons repéré le phénomène.

Contacté, les DPS concernés mettent en avant le manque de personnel disponible et le manque de ressources. Faux, rétorque l’ANIT qui affirme que des infirmiers diplômés d’Etat(IDE) et des sages femmes sont nombreux, disponible et au chômage.

Le Togo s’étant engagé sur la réforme du système de la santé afin de répondre aux attentes de la population et trouver des solutions audacieuses et innovantes adaptées afin d’atteindre la couverture sanitaire universelle (CSU) qui se définit comme la situation dans laquelle toutes les populations peuvent obtenir les services de santé de qualité dont elles ont besoin sans que le coût de ces services n’entraîne des difficultés pour les usagers. La CSU repose sur trois piliers : l’équité, la qualité des soins et l’accès à des soins de qualité.

Marc ABOFLAN
Marc ABOFLANhttp://marcaboflan.com
Journaliste spécialisé dans les questions économiques. Passionné par les TIC. Directeur de la Rédaction
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