Depuis août dernier, le Conseil des ministres du Togo a donné son accord pour le passage de la Banque togolaise pour le commerce et l’industrie (BTCI) dans le giron du magnat burkinabé des BTP, Mahamadou Bonkoungou. IB Holding, le bras financier de la galaxie d’entreprises de l’homme d’affaires, – panafricaniste convaincu – dédié à la “prise de participation dans les entreprises du secteur bancaire et financier » a acquis la banque togolaise pour un montant de 6 milliards 435 millions de F CFA selon les chiffres communiqués par le ministre des finances togolais aux parlementaires.
Une belle entrée sur le marché togolais de la marque IB Bank qui a déjà fait ses armes au Burkina Faso et qui vient d’ouvrir une banque au Djibouti.
L’indispensable restructuration
Agréée depuis 1974, la BTCI revendique un total bilan de 264 milliards de FCFA au 31 décembre 2020, contre 216 milliards un an plus tôt. C’est la 6e banque sur le marché en terme d’actifs après Orabank, Ecobank, Coris bank, Banque Atlantique et l’Union togolaise de banque (UTB).
Mais moins que l’on puisse dire, est que IB Holding hérite d’une banque à terre plombée par plusieurs années de mauvaise gouvernance et minées par du copinage et des pratiques peu orthodoxes dans les plus hautes sphères de la banque. Une situation qui a contraint les principaux concurrents d’IB Holding dans le rachat de la banque, le consortium Agir, mené, entre autres, par le banquier ivoirien Charles Kié et l’entrepreneur béninois Oscar Daaga, à se désister au dernier moment.
Pour remettre à flot cette banque, jadis, fleuron de l’économie nationale, les nouveaux responsables devront passer par une indispensable restructuration de la banque, avec pour objectifs de valoriser et mettre en avant les compétences dont disposent la banque, mettre un terme aux malversations et faire renouer la banque avec les performances.
À la manœuvre, le banquier marocain Nabil Tahari, ancien directeur commercial de la Société Générale Burkina. Il faut dire que l’homme connaît très bien le secteur bancaire ouest-africain et est un spécialiste des restructurations. Le nouveau directeur général de IB Bank Togo, a traîné sa bosse et pourra remettre à flot la banque.
Engagements
Les engagements du panafricaniste Bonkongou connu pour sa fermeté et la rigueur dans la gestion de ses entreprises sont clairs. Renflouer la banque et la rendre performante dans les prochaines années.
Selon un document interne du ministère des finances, « Les dirigeants de IB Holding doivent finaliser, au plus tard le 31 décembre 2021, les deux augmentations de capital de la BTCI annoncées pour un montant total de 20 milliards FCFA, pour le porter de 7 à 27 milliards FCFA, parachever le processus de transfert des participations à la holding, notamment IB Burkina au plus tard le 30 juin 2022, et ouvrir le capital de IB Holding à d’autres investisseurs disposant de capacité financière nécessaire pour accompagner sa stratégie ». Un apport de cash qui devrait insuffler à la banque un nouveau souffle et lui permettre de se repositionner.
Mouhamadou Bonkongou, président du conseil d’administration de la holding IB, va surveiller de très près, ses opérations. L’homme a également pris l’engagement de préserver l’ensemble du personnel de la banque (près de 300 personnes). Cet engagement ne devrait pas empêcher de débarrasser la banque de ses principaux prévaricateurs.
Il faut préciser qu’en Conseil des ministres le 11 août 2021, le gouvernement avait soutenu la cession d’une partie des actions (90 % notamment) par « sa volonté de nouer des partenariats avec le secteur privé pour accélérer la croissance économique ».
Notons que Mahamadou Bonkoungou à travers ses entreprises est présent notamment dans les BTP avec Ebomaf, dans la banque avec IB Holding, dans les assurances avec Jackson Assurances, dans le transport de luxe avec Liza Transport International…