Donnant l’apparence de travailler en rangs dispersés, les conducteurs de taxi-moto au Togo ont une organisation magnifique derrière leur travail.
Déjà 4 ans, après l’arrivée de ce métier au Togo, un syndicat du nom d’USYNCTAT, Union Syndicale des Conducteurs de Taxi-moto du Togo a vu le jour depuis 1994. C’est la toute première organisation représentative des conducteurs de taxi-moto. L’importance de la création d’un syndicat pour défendre les droits des conducteurs fait surface lorsque le gouvernement décide de les faire disparaître en prétextant que « les taxi-motos ont vu le jour au Togo avec la grève générale illimitée et doivent donc disparaître avec la fin de la grève. »
Face à cette menace ils se sont regroupés en organisation syndicale pour entrer en négociation avec le Gouvernement. Ayant eu gain de cause, l’organisation s’est vue perdurer jusqu’à ce jour.
L’objectif de ce syndicat est la reconnaissance des taxi-motos par les autorités administratives. Ensuite, œuvrer et contribuer à l’organisation et à l’assainissement du secteur pour permettre aux acteurs de mener librement en toute tranquillité et sécurité leur travail.
Quatre ans après sa création, le premier objectif est atteint et aujourd’hui les taxi-motos sont reconnus et le secteur est réglementé en 1996 avec un Arrêté interministériel.
Aujourd’hui, avec l’arrivée d’autres organisations de conducteurs de taxi-moto comme « Olé », « Gozem » et « ZMobile », l’USYNCTAT n’est plus seul à opérer. Plusieurs syndicats ont alors vu le jour en fonction de ces organisations.
Notons que chaque syndicat a un siège où ils se retrouvent pour leurs différentes activités. « Ce métier n’étant pas stable, au même moment que certains raccrochent parce qu’ayant trouvé mieux, d’autres font leur entrée. Aussi chaque conducteur de taxi-moto ne fait pas partie du syndicat, seuls ceux qui font le métier en temps plein. La plupart des personnes qui le font juste pour joindre les deux bouts ne font pas partie intégrante. Dans les autres organisations comme « Olé », « ZMobile » et « Gozem », l’appartenance à l’organisation implique l’appartenance au syndicat », rapporte un membre de l’USYNCTAT.
Les syndicats entre difficultés, COVID-19 et incertitudes de l’avenir
Les syndicats rencontrent des difficultés telles que : difficultés avec le service des impôts par rapport au fisc, les incompréhensions entre eux-mêmes, surtout chez les indépendants, ainsi que des difficultés relatives à la propriété des motos et aussi au niveau des assurances. Le syndicat est aussi souvent confronté au problème de confiance. Il faut gérer l’argent des cotisations et souvent le mouvement est affaibli par le détournement de l’argent des cotisations. Et cela, bien évidemment, développe la réticence au sein du groupe.
Notons que la crise sanitaire de la COVID19 a eu un impact considérable sur leurs activités. Dépendants de l’activité des conducteurs de taxi-moto, les travaux se sont vus presque aux arrêts depuis l’arrivée du coronavirus. Les clients évitent la prise des taxi-moto à cause de la méfiance. Les actions et discussions avec le gouvernement sur des décisions qui mettent à mal l’activité des conducteurs de taxi-moto restent entre autres l’une de leur activité phare en cette période de COVID19.
Nous connaissons aujourd’hui l’avancée du nombre de conducteurs de taxi-moto, ainsi que l’installation des organisations formelles des conducteurs de taxi-moto à l’intérieur du pays. On peut noter des organisations régionales, préfectorales et locales. Au niveau des autres organisations, seul la société « Olé » s’est installée pour l’instant à Tsevié.
Dans un environnement dynamique et non stable avec l’urbanisation des localités, on se demande si ce secteur est durable. Pourtant on connaît l’arrivée de nouvelles organisations qui cherchent à rendre le métier plus professionnel, avec une avancée dans le formel. Évoluerons-nous plutôt vers la conservation de ce métier dans notre société avec une amélioration et un professionnalisme ? Si tel est le cas, le Togo ne serait-il pas en train d’évoluer en reculant ? Sachant que dans des grandes villes, les taxi-moto n’existent pas, allons-nous connaître sa disparition à Lomé ? Les organismes qui se créent pour tenter de formaliser ce secteur ne seraient-ils pas en train d’investir dans un projet non durable ? En tout cas, l’avenir nous en dira plus.