Il sonne quatre heures du matin. L’alarme du téléphone du jeune Kossivi, posé à son chevet, le réveille. Pendant que le soleil filtrait entre les nuages, signe d’un nouveau jour qui se lève, le jeune Kossivi, la trentaine, conducteur de taxi-moto se prépare activement.
Ce père de deux enfants n’oublie pas le rituel. Il se confie à Dieu le père tout puissant avant de commencer la journée.
Après la prière, Kossivi ne manque pas à son rôle de père. En bon père de famille, il « assure les charges quotidiennes de sa famille notamment le petit déjeuner avant d’aller au boulot ».
Dans la ville, d’un quartier à l’autre, les bruits fusent. Les pétarades des taxi-motos, les klaxons des gros camions, les pleurs des enfants, les appels des mosquées.
Comme d’habitude, la journée commence avec les élèves, les apprentis, les commerçants. Déjà, à 6h30, Kossivi se donne corps et âme à leur rendre la tache beaucoup plus simple jusqu’à 10h, car pour lui « c’est un métier difficile donc il faut de la méthode et surtout la gestion du temps ».
Ce conducteur a des stratégies propres à lui. Dans l’intervalle de 10h à 11h jusqu’à midi, il n’y a plus de clients comme le matin, « vous-même vous le voyez ? ». A cet effet, il sillonne devant les grandes institutions (les banques, les commissariats, les supermarchés, les ministères) dans l’espoir de remorquer ceux qui y sont pour des achats, les opérations administratives et financières.
Logé à Atikoume, Kossivi parcourt les quartiers environnants notamment Djidjolé, Klikamé, Tokoin Doumassesse Avenou, Agbalepedo (GTA), Campus, Totsi… à la recherche de clients. Très attentionné, il a fait du respect sa marque de fabrique. « Nous sommes tous complémentaires alors, il nous faut un respect mutuel », rétorque Kossivi à un client qui voulait engendrer une dispute au sujet du tarif. « A Lomé les temps sont durs, comprenons-nous un peu », a-t-il ajouté au client, qui a finalement ravalé son orgueil.
Les chauffeurs, les conducteurs de taxi-moto sont souvent victimes de harcèlement. Certains passagers surtout les femmes ont tendance à les contraindre à une prestation de service contre le sexe ou autres choses en dehors de l’argent. Eveillé, fidèle à sa femme et à ses principes, Kossivi ne cède pas à ces tentations. « J’ai déjà une femme », a-t-il répondu à une mirobolante jeune femme voulant l’emporter avec ses fesses et sa poitrine très acuminée qui touche le dos de Kossivi à chaque fois qu’il freine pour observer un ralentissement au niveau des flaques d’eau.
A midi, il fait un tour à la maison pour un repos, « la santé avant tout », indique Kossivi allongé sur une natte étalée sous un arbre non loin du portail.
Après la pause, c’est le retour en circulation aux alentours de 14h à la recherche des clients, de préférence ceux qui retournent au service l’après-midi. « À 14h je ne trouve pas beaucoup de clients car la plupart ne reviennent pas à midi ».
Malgré son dévouement et la consécration à son travail, Kossivi ne déroge pas à la règle. Quand il n’a pas de client, il tchatche un peu avec ses camarades à GTA, histoire de passer le temps. Mais lorsqu’il a su que la position ne l’arrange pas au point de finir la deuxième partie de la journée sans rien gagner, Kossivi quitte le groupe pour se positionner devant le marché de Hédzranawoé. « Oléyia », demande-t-il à une dame, la quarantaine avec bébé au dos. « Oui, je vais à Gbossimé », réponds-t-elle tout en demandant le prix. (Avec un sourire) « Vous connaissez le prix madame », réplique Kossivi.
Depuis près de trois ans qu’il s’est lancé dans cette aventure, Kossivi a un train de vie figé, avec des journées toutes tracées et programmées. Cette journée du lundi a du moins été prolifique. De retour à la maison vers 19h après une bonne soirée passée avec les clients du marché de Hédzranawoé, c’est l’heure de faire les comptes. « Cet après-midi, je remercie Dieu, j’ai gagné à peu près 5000 francs ce que je n’ai pas pu réaliser le matin », s’est-il réjoui.
Mais dans leur quotidien, les conducteurs de taxi-motos ne composent pas qu’avec leurs clients et leur moto. Puisque de l’autre côté, le syndicat des conducteurs de taxis-motos n’est pas à mettre aux oubliettes