Mépris des nationaux, mensonge, inconstance, zoom sur le triste destin de Togocom, qui paye le lourd tribut d’une illusion togolo-malgache.
La lutte pour la mutation et la privatisation annoncée pompeusement comme salvatrice pour notre économie a fait du vrai chemin. Pour le secteur des télécommunications, il y a quelques 6 mois, c’est à cor et à cri qu’on annonçait la privatisation de la société de téléphonie d’État : Togocom pour relever le niveau du secteur dans notre pzys. Transformation en holding, gros investissements, améliorations notables du réseau et de la connectivité. Voici quelques unes des promesses mises en avant .
Pendant que certains estimaient que le pays était à même de prendre les choses en main puis renforcer ses acquis en vue de meilleures rentabilités, ils étaient paradoxalement aussi nombreux à vociférer partout que l’arrivée de » Agou Holding » serait une grande opportunité pour le Togo.
Agou Holding, l’illusion malgache
L’annonce de la reprise du groupe Togocom par la holding malgache était avait été présentée sous de beaux auspices par les autorités togolaises. Il était entre autre mis en avant, l’expérience des preneurs qui, auraient de très grandes avancées technologiques dans le domaine de la téléphonie mobile à Madagascar puis à Dakar. Il a également été mis au devant un investissement d’environ 250 milliards de Francs CFA, les sept années à venir pour booster le développement du secteur dans tous ses aspects dans le pays.
Les chiens de la résistance à ce bradage ont beau aboyer, la caravane est passée d’ailleurs en force, évitant de peu d’écraser tout sur son chemin. La reprise de Togocom par les « illuminés » malgaches a finalement eu lieu et de la plus belle manière. Ailleurs, on parlerait de scandale sans précédent mais au 228, ce fut un fait normal et banal.
Mais, depuis plus de 5 mois, aucune trace même à la loupe des promesses annoncées. Amélioration du réseau et connectivité rapide, espérance de baisse du coût des communications, rien n’a semblé évoluer depuis lors avec la venue des « experts ». Pire, les Togolais ont tout le temps crié à l’évaporation des recharges d’appels ainsi que des forfaits internet, ils ne savaient pas que le nouvel homme fort de Togocom, Alazard et ses hommes avaient de pires méthodes pour « voler » ces recharges.
Côté social, les Togolais s’attendaient à voir les nouvelles autorités de fait de la société investir dans le social et soutenir leurs initiatives, mais toujours rien. Pour l’heure, une question mérite d’être posée : Doit-on s’attendre au pire ou espérer mieux ?
L’illusion risque de durer longtemps
Les Togolais auraient-ils ignoré que les Malgaches détiennent 51% contre 49% pour le Togo. Les généreux concessionnaires ne devraient pas être sans savoir qu’avant tout , les preneurs doivent dégager leurs profits au maximum. Il serait aussi bien naïfs de penser aussi que les repreneurs vont aimer les Togolais plus qu’eux-mêmes. Pour ces milliards que les pauvres citoyens leur offrent gracieusement , les patrons de Togocom ne daignent même pas respecter leur engagement pour ne serait-ce que tromper la vigilance des populations sur leurs réelles intentions.
Même les prestataires et les fournisseurs sont mis à la touche. Ils sont nombreux à voir de façon fantaisiste leurs factures être bloquées ou réduites pour des raisons fallacieuses qui ne tiennent pas la route. La structure perd son organigramme. Un seul centre de décision est connu quelque soit l’urgence. Alazard , le DG fait recours qu’à deux personnes : le PDG qui d’ailleurs n’est pas sur place et la patronne des lieux, celle par qui le bradage a pu se réaliser. Des recrutements tous azimuts se font avec des nominations avec des CV des « being to ».
Les diplômés locaux en fonctions ayant des expériences avérées dans le domaine et qui ont bâti la maison à la fondation solide restent bouche cousue devant la pagaille et l’insolence criarde organisées par Monsieur Alazard et cie. Les avantages de toute nature peinent à être lâchés aux ayants droit ou à défaut, freinés à dessein. C’est fort de tout cela que les syndicats avaient haussé entre temps le ton.
Enfin, quelle est cette belle chose qu’on prépare aux Togolais et qui crée partout des grincements de dents ? Depuis lâ, personne ne remarque rien de sérieux dans ce qui se fait dans cette boîte, si ce n’est de l’amertume, l’incertitude et le désenchantement.
Quand, percevant le danger pointer à l’horizon les syndicats mécontents prennent leur responsabilité pour dénoncer les abus, la direction sort le DG en tête pour lire des discours. Bref, les mêmes refrains qu’à leur prise de fonction qui se résument toujours aux promesses. La direction, si elle ne promet pas s’engagerait à faire ci ou à faire ça. En réalité, le Togo ne doit pas trop attendre pour récupérer son patrimoine. Une bien amère expérience à ne jamais essayer.
Amère expérience de privatisation : le Togo n’en est pas à sa première
Un vieil adage ne nous enseigne-t-il pas que si la fête va être belle, cela se remarque la veille ? En 2001, feu Éyadéma avait été également piégé par des cupides sans état d’âme qui avaient introduit des Chinois dans le Port autonome à qui on était en passe de brader ce joyau de notre économie.
Trois mois de jonglages, de cafouillages et d’approximation de ces Chinois ont suffi à éveiller les attentions pour que le Général leur montre la porte de sortie. C’est trop clair, les bonnes choses se vivent. Elles ne se décrètent pas à travers des promesses ni dans les discours charmeurs.
Si le Togo n’a guère envie de retirer Togocom avant que le pire ne se produise, que le pays reprenne au moins la main avec les 51 %, comme quoi, le Togo même s’il ne sait pas où les Malgaches l’amènent, sait au moins d’où il vient.