Sous un soleil au zénith, sous une pluie torrentielle, dans la nuit, regard radar sillonnant les artères de la ville à dos de sa moto à la recherche du prochain à remorquer afin d’assurer son déplacement contre un payement, nous sommes dans l’univers du conducteur de taxi-moto.
Sous les cieux togolais, l’univers du taxi-moto est autant périlleux qu’innovant.
Aux origines d’un job importé
Le métier de conducteur de taxi-moto au Togo tire son inspiration du Bénin voisin, pays dans lequel cette activité est apparue dans les années 90. L’activité de taxi-moto est née au Togo entre 1992 et 1993 au moment de la grève générale illimitée. « Zémidjan », « Zed » sont les surnoms initialement donnés à cette activité. « Zedman », « Zémidjan tô » sont les appellations usuelles des pratiquants de l’activité de taxi-moto. Une activité qui, à ses débuts, était purement informelle indépendamment de l’Etat togolais. Chômeurs, étudiants, fonctionnaires, se donnaient à l’activité de taxi-moto pour joindre les deux bouts. « Il faut que je puisse subvenir à certains de mes besoins personnels et une partie de documents nécessaires pour les études, et puisque j’ai une moto, je fais du Zed pour combler mon manque financier », a expliqué, Gré Akadi, étudiant en deuxième année de Sociologie à l’Université de Lomé.
Dévotion malgré les risques
En 2014, le travail de zedman nourrit 21 503 personnes. Selon le rapport 2019 issu d’une étude du Collectif des organisations syndicales des taxis motos du Togo (COSTT), plus de 215.000 Togolais l’exercent. Cette activité génératrice de revenu est pratiquée par un tel nombre de personne, qu’elle a été inscrite dans l’ordre des métiers.
Loin d’être une aubaine, ce métier, présente des risques assez considérables : fatigue accrue, déformation, problèmes rénaux, musculaires sans oublier les accidents. Selon le rapport du premier semestre de 2019 présenté par le ministère de la Sécurité et de la protection civile, 3 178 accidents occasionnant 4 483 blessés et 354 décès dont 135 provoqués par les motos ont été enregistrés. Les taxi-motos ne sont pas négligeables dans ces chiffres.
Implication de l’État, le chemin de croix vers le secteur formel
En novembre 2014, le premier ministre togolais, Arthème S. Ahoomey-Zunu, a lancé à Atakpamé, la Mutuelle des Conducteurs de Taxi Moto (MUCTAM- TOGO). Projet gouvernemental piloté par la DOSI, il s’inscrit dans un plan d’actions pour une gestion participative : réduction de la vulnérabilité de l’emploi des jeunes, organisation du métier de Zémidjan, prémices de la couverture sociale universelle, sécurité routière, reconversion, respect de la citoyenneté, les mots sont légions pour exprimer l’impact de ce programme quinquennal sur l’insertion économique et sociale : faire d’un Zémidjan « un entrepreneur », selon le ministre d’alors.
Aujourd’hui, les initiatives gouvernementales donnent plus du poids au métier. Par ailleurs, il y a un grand travail à abattre pour atteindre cet objectif.