La presse togolaise est à une étape importante de son histoire. Elle est à la croisée des chemins et veut s’affirmer et continuer par abattre un travail de qualité. Mais pour y arriver, il lui faut réunir certaines conditions et offrir des sessions de formation de qualité à ses membres. Après de nombreuses promesses et paroles en ce sens, le Conseil national des patrons de presse (CONAPP), avec à sa tête El-Hadj Arimiyao Tchagnao veut passer à l’actes afin de sortir la presse togolaise de son ghetto financier et professionnel.
Dans cette interview que le patron des patrons des médias togolais a accordée à l’Agence de presse AfreePress, l’homme revient sur les dernières initiatives prises par son organisation pour faire de la presse, un véritable acteur de développement du pays. « Beaucoup de nos compatriotes veulent nous voir faire un travail encore plus meilleur. Mais nous ne saurons arriver à ce point si la contribution de l’État à notre travail demeure très bas. Nous sommes donc en train de mener des actions auprès des décideurs de notre pays pour que dans les mois à venir, lorsqu’il sera question de refaire le budget du pays, qu’on s’intéresse à la situation des médias togolais afin qu’on puisse rehausser l’appui que l’État accorde à la presse… », a-t-il confié à AfreePress dans l’interview ci-dessous.
Bonjour M. le président du Conseil national des patrons de presse (CONAPP). Comment se porte votre organisation patronale, le CONAPP aujourd’hui ?
El-Hadj Arimiyao Tchagnao : Le CONAPP se porte à merveille et vous pouvez vous-mêmes le deviner à travers les projets et programmes que nous déclinons.
Dites-nous, quel est l’état de santé du CONAPP aujourd’hui ? Je veux dire, ce que l’organisation a pu faire et ce qu’elle projette de faire dans les semaines et mois à venir..
El-Hadj Arimiyao Tchagnao : Je n’aime pas trop parler de moi ni de ce que je fais. Mais comme vous posez une question, je vais essayer de vous répondre. Si vous tendez le micro à beaucoup de nos compatriote ils vous diront tout ce que le CONAPP fait sur le terrain. Le CONAPP est avant tout, une organisation patronale et en tant que tel, il est beaucoup plus regardant sur les conditions de vie et de travail de l’ensemble des journalistes de notre pays et surtout sur des questions de professionnalisme des uns et des autres.
Et en ce sens, notre organisation a eu à organiser six ateliers depuis que nous sommes à sa tête. Il serait harassant d’égrainer point par point les thématiques autour desquelles le CONAPP a formé les journalistes. Mais je pus vous dire que les deux derniers ont été des séminaires qui ont rassemblé toute la presse de notre pays aussi bien du public que du privé y compris les membres des associations sœurs. C’est l’exemple d’un atelier que nous avons eu à organiser à Lomé pour parler de la décentralisation et des techniques de couverture d’une élection locale.
Je veux aussi citer la formation conjointe que le CONAPP, en partenariat avec Reporter Sans Frontière a eu à organiser à Kpalimé et qui a également rassemblé toute la presse du pays. Les médias publics comme privés ainsi que les autres associations de notre pays.
Au même moment, pour que le journaliste travaille de façon décente, il faut qu’il ait les meilleures conditions de vie. Beaucoup de nos compatriotes veulent nous voir faire un travail encore meilleur. Mais nous, en tant que journalistes, nous ne saurons arriver à ce point si la contribution de l’Etat à notre travail demeure très bas.
Nous sommes donc en train de mener des actions auprès des décideurs de notre pays pour que dans les mois à venir, lorsqu’il sera question de refaire le budget du pays, qu’on s’intéresse à la situation des médias togolais et qu’on puisse rehausser l’appui que l’Etat accorde à la presse afin que cet appui puisse ressembler à quelque chose de plus important. Nous sommes aujourd’hui à 100 millions F CFA mais nous rêvons qu’on puisse faire un saut qualitatif pour atteindre au moins les 500 millions afin que les journalistes togolais, qui font depuis un bon moment un travail de qualité, ce qui fait la fierté de notre pays, puissent travailler dans des conditions meilleures et décentes. Et pour cela, nous avons entrepris des démarches auprès des présidents des groupes parlementaires au niveau de l’Assemblée nationale parce que c’est là bas que les questions de budget se discutent. C’est là-bas que les gens se parlent et pensent à comment faire pour faire passer certains plaidoyers.
Concrètement avec qui vous discuter au parlement ?
El-Hadj Arimiyao Tchagnao : Nous avons pris rendez-vous et nous allons commencer par rencontrer certains de ces présidents de groupes parlementaires, afin de discuter avec eux et les convaincre d’accompagner notre demande. Nous avons déjà commencé par parler avec la Présidente de l’Assemblée nationale, Mme Tségan Djigbodi. Nous allons arriver à son niveau pour faire ce même plaidoyer.
Nous attendons également ouvrir des brèches jusqu’au niveau de la Primature et pourquoi pas au niveau de la Présidence de la République ? Nous voulons leur expliquer le bien-fondé de ce que la presse attend comme soutien d’eux pour pouvoir faire davantage un travail de qualité.
Le développement de tout pays tire son socle dans le développement de la presse et de la communication. Nous avons des pays amis et frères où le Togo copie le plus souvent de bonnes références. Non pas parce que les gens sont mieux outillés ou mieux formés que nous dans ces pays. Mais tout simplement parce que la communication autour de tout ce qui se fait dans ces pays porte loin et traverse les frontières de ces pays. Et c’est pourquoi vous aurez remarqué que nos gouvernants et nos sociétés d’Etat vont tout le temps au Sénégal prendre des experts pour venir nous former ou nous édifier sur certaines thématiques qui concernent notre développement et pourtant, au Togo, nous avons aussi plein de personnes compétentes.
Nous sommes en train de mener ce travail avec acharnement et dans les jours à venir, nous allons faire à ce que la presse se forme et se professionnalise de plus en plus. Vous savez que beaucoup d’entre nous sont venus de différents coins et sont arrivés au journalisme avec des connaissances qui ne sont pas forcément du domaine de la presse.
Nous avons travaillé avec l’Ambassade de France et nous avons aujourd’hui le PROFAMED qui forme 60 journalistes en Licence professionnelle à ISICA et d’autres également continuent par se perfectionner au niveau des centres de l’Etat pour renforcer leurs connaissances.
Nous sommes également en train de travailler avec l’école de journalisme de Lille afin que des partenariats soient noués et des formations se fassent au Togo, ou en France en faveur des journalistes togolais qui vont manifester la volonté de bénéficier de cette formation.
C’est vrai que nous disons partout : « soyons journalistes ». Mais n’oublions pas qu’avant d’être des journalistes, il faut qu’ nous ayons un background, il faut qu’on sente que le journaliste togolais a un vrai bagage dans son domaine. Le mécanicien du coin ne peut pas s’improviser journaliste, le maçon ne le peut pas, non moins le médecin. Comme également le journaliste ne peut pas s’improviser médecin, maçon ou mécanicien…
Il faut que nous comprenions qu’avant que nous puissions crier que nous sommes journalistes, nous devons avoir la maîtrise des règles et normes de ce métier.
Source Afreepress