Ce grand photographe et cinéaste togolais a été distingué par le gouvernement Français en octobre dernier. C’est l’ambassadeur de France au Togo, Marc Vizy qui a remis les insignes de chevalier des arts et lettres à Do Kokou. Qui est Jacques Do Kokou. Portrait ḷ
Né le 6 juillet 1949 à Lomé « devant la plage », comme il l’a déclaré à un journal sénégalais. 1949 est une année de repère pour le cinéma dans le monde entier. La sortie de plusieurs films : Charge héroïque de John Ford, Jour de fête de Jacques Tati, Orphée de Jean Cocteau, Allemagne, année zéro de Roberto Rossellini et Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica. Avec de tels parrains planant au-dessus de son berceau, il aurait étonnant qu’il ne devienne pas le premier cinéaste togolais !
Le nouveau-né qu’il était n’a pu assister aux premières de tous ces chefs d’œuvre, mais il a eu le temps, et a déjà décidé de rattraper par la suite. Pour la photographie, rappelons tout simplement que 1949 fut l’année de fondation de Paris Match… Encore une fois, « devant la plage », sur le dos de sa maman, je suis sûr que le jeune Jacques devinait inconsciemment que son destin serait à jamais marqué par tous ces grands noms.
Mais il lui a fallu attendre 1961, pour, qu’avec un appareil photographique offert par son grand frère étudiant en France à l’époque, il commençait à photographier ses parents, ses camarades, les objets, les wharfs, les bâtiments ainsi que les scènes de la vie à Lomé comme à l’intérieur du pays. Et c’est ainsi que la photographie l’a amené au cinéma. Et depuis l’aventure continue.
Quelques dates importantes : en 1972, il est le seul togolais à participer au premier festival du cinéma amateur organisé par le Centre Culturel Français de Lomé avec un court métrage en 8 mm couleur intitulé « 27 avril ». En 1974, il réalisa son premier moyen métrage Kouami ou l’exode malversée en couleur format 16 mm. Ce film est projeté à Paris en février 1975.
Grace à cette projection en France, il est identifié sur le plan international. A ce titre, il a participé alors, comme réalisateur et membre du jury, aux festivals de Moscou, de Tachkent en URSS, de Montréal au Canada, de Ouagadougou au Burkina Faso, de Bamako au Mali, de Dakar au Sénégal, de Cotonou et de Ouidah au Bénin, de Clap Ivoire en Côte d’Ivoire et… de Cannes en France. Au mois de septembre 1974, avec une bourse du ministère français de la coopération, il a suivi, à Paris et jusqu’en 1978, une formation en cinéma et en montage de film en France au sein de la section technique cinéma au département des actions culturelles de ce même ministère.
C’est au retour de cette formation qu’il a été engagé au Togo, par le service du cinéma et des actualités audiovisuelles (CINEATO) comme réalisateur et photographe. Et affecté en septembre 1999 à la télévision togolaise. Toujours en recherche de la qualité et de la perfection, il s’est inscrit et vous avez participé à tous les stages de formation et a pu obtenir, que ce soit ceux du service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France, du Goethe-Institut de Lomé ou de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). C’est encore guidé par cet esprit de créativité et cette volonté de savoir qu’il s’est inscrit et s’est faite former en perfectionnement et écriture de scénario à l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) à Bry-sur-Marne en France, puis à la formation pour la scénarisation des séries télévisuelles à Ouagadougou au Burkina Faso.
Pour mieux enraciner ses aspirations, avec des amis préoccupés par la promotion et le développement du 7ème art au Togo, il met en place en 1996, l’Association pour la Promotion de la Culture des Arts et des Loisirs (APCAL). L’objectif est de renforcer les capacités des professionnels, d’encourager la jeunesse togolaise à s’investir dans ce domaine, d’inciter les opérateurs économiques à découvrir les opportunités d’affaires dans le cinéma, la photographie, l’audiovisuel, les arts et la culture.
C’est dans le prolongement de ces ambitions qu’il a participé à la naissance en juillet 2002 du Cinéma Itinérant du Togo. C’est le dispositif par lequel, le cinéma sort de Lomé pour se rendre dans les villes, les villages, les hameaux de l’intérieur du pays pour offrir du loisir aux populations excentrées mais aussi pour les sensibiliser à des thématiques données, ceci pour le développement socio économique, culturel et artistique du Togo. Ainsi, le CIT a parcouru plus de 1 000 quartiers, villages et cantons urbains et ruraux, avalé plus de 60 000 kms de route, réuni plus de 300 000 spectateurs et formé ou initié près de 150 jeunes à au moins un des métiers du 7ème art.
Au vu de l’engouement des populations et des besoins de plus en plus croissants en termes d’expérience et d’échanges, il a créé en 2006 avec l’association ACPAL, les Rencontres du Cinéma et de la Télévision du Togo (RECITEL) pour aider les acteurs togolais à actualiser leurs connaissances à travers les formations et pour contribuer au rayonnement du Togo dans le 7ème Art.
Depuis, 10 éditions se sont succédé. Tout en menant ces actions et activités cinématographiques, vous n’oubliez pas votre premier amour, la photographie, vous continuez à collectionner des clichés qui seront exposées à Tanger, Lyon, Ouidah, Bamako, Dakar et publiées dans plusieurs ouvrages. Des photos en noir et blanc, son format de prédilection, mais aussi colorisée avec une technique qu’il propose est propre et qu’il ne cesse d’affiner. Pour preuve, son dernier projet photographique « Pêche côtière : sur la route des pêcheurs anlos émigrants », réalisé cette année dans le cadre du programme « Visa pour la création » de l’Institut français.