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Difficultés de commercialisation du soja au Togo : les producteurs appellent le gouvernement à agir

A l’orée d’une nouvelle campagne faudrait-il produire ou pas du soja ? Ce questionnement est celui des producteurs de soja du Togo. Malgré des réflexions depuis des mois, ces premiers acteurs de la filière du soja n’ont pas encore trouvé une réponse adéquate. Jusqu’à la matinée de ce 30 mai, ils sont toujours indécis. Pour cause un problème de non écoulement des stocks de soja de la précédente campagne de production.

Réuni devant le siège du Conseil Interprofessionnel de la filière Soja (CIFS) à Lomé en cette matinée de mardi, ces derniers estiment avoir encore dans leur entrepôts et magasins plus 80 mille tonnes de soja graines récoltés non vendu.

« Nous sommes ce matin venus voir le CIFS pour trouver une solution à nos problèmes. Nous avons encore du soja que nous n’avons pas encore vendu, et nous nous posons la question si on pourra produire au cours de la nouvelle saison. Les agrégateurs ne sont pas venus acheter nos produits. Si le CIFS ne fait rien nous n’allons plus produire du soja cette campagne » a lancé, LARE Ibrahim, Secrétaire général de la fédération national des Coopératives productrices de soja du Togo.

 

Une situation complexe à plusieurs déterminants

 

Filière en bonne progression selon les bilans de productions des campagnes agricoles ces dernières années, le soja traverse depuis l’ouverture de la campagne de commercialisation 2022-2023 une phase sombre. Motif : les producteurs ont des difficultés à écouler leur soja. Les industries annoncées sur la plateforme Industrielle d’Adéticopé, n’auraient pas assuré l’achat de l’ensemble de la production.

« La filière soja, est devenue une filière stratégique ces dernières années. Avec la création de la PIA, nous avons rêvé mieux vendre, mais au cours de cette campagne 2022-2023 on s’est rendu compte que le rêve n’est plus devenu une réalité », a laissé entendre Réné Tewou grand producteur de soja dans la région des plateaux.

De même le prix proposé sur le marché n’est pas apprécié par les producteurs. « La filière soja actuellement fait face à un petit souci. Deux ans auparavant on était la filière la plus solide que tout le monde appréciait. Les producteurs étaient fiers parce qu’on prenait facilement leur produit et à bon prix. Mais à partir de l’année dernière les produits n’ont pas pu vendre comme il se doit et le prix qu’on leur propose n’est pas avantageux », explique Komlan Kadzakadè, président du CIFS.

En plus l’on évoque aussi à la CIFS un problème lié à un retard de délivrance des agréments pour les exportateurs/ commerçants de soja.

« Le problème que vit aujourd’hui les producteurs s’explique, d’une part du fait qu’on a lancé tardivement la campagne de commercialisation. Secundo les agréments devant permettre aux acteurs d’effectuer leurs opérations ont été signé tardivement », explique le patron du CIFS.

Un plaidoyer au gouvernement

A ce jour, les producteurs de soja vivent une période un peu difficile. Ils font face à une pression des institutions financières qui attendent le remboursement des crédits contractés au lancement de la campagne de production.

« Les paysans que nous sommes, nous avons des stocks importants, près de 80 mille tonnes de soja sont encore des magasins alors que les paysans doivent payer de l’argent aux microfinances, aux banques ainsi qu’à des personnes privées chez qui ils avaient pris des crédits. Et ces personnes nous menacent. Plusieurs personnes d’entre nous ne dorment plus paisiblement », indique Réné Tewou.

Face à cette situation les producteurs de soja lancent un cri de détresse à l’endroit du gouvernement. Ils attendent une action diligence pour éviter à la filière qui fait vivre des milliers de togolais de sombrer.

« Nos gouvernants doivent se mettre à notre place, nous les aimons, et nous pensons qu’ils nous aiment aussi. Nous avons toujours compté sur eux, c’est peut-être qu’ils ne savent pas ce qui se passe. Nous voudrions qu’ils nous écoutent à travers ce rassemblement pour pouvoir apporter une solution. Et nous savons qu’une solution idéale existe », plaide notre producteur de soja.

Pour les producteurs, leur regroupement au CIFS est une opportunité à saisir pour résoudre le problème et pour pouvoir lancer la campagne. « La campagne, c’est maintenant, c’est juin et juillet. C’est maintenant qu’il faut le faire et nous n’avons rien pour lancer la campagne. C’est important que le gouvernement fasse quelque chose au plus vite pour que nous arrivions à produire l’année prochaine », lance cet agriculteur.

Les promesses du CIFS

 

Le bureau exécutif de l’Interprofession du soja ne voudrait faire sourde oreille à ces cris de détresses des premiers acteurs de la filière. Le Président de l’Interprofession du soja, Komlan Kadzakadè entouré des membres du conseil, ont assuré les producteurs que des solutions seront trouvées dans les prochains jours.

Il a annoncé, la prise d’initiative pour mieux cerner la difficulté et trouver des compromis avec l’Etat en faveur des producteurs d’après les préoccupations exprimées par les producteurs. Le CIFS a promis aussi se rapprocher des entreprises installées sur la PIA pour « ensemble trouver des solutions durables ».

Il invite ces derniers à pouvoir produire au cours de la nouvelle campagne. En ce sens, l’Interprofession annonce une tournée nationale de remobilisation des producteurs et de l’ensemble des acteurs de la filière. L’objectif premier est de convaincre les producteurs à ne pas quitter la filière soja au risque de mettre en difficulté un pan l’économie national.

« S’il n’y a pas de soja, les usines installés ne vont plus trouver de matière première à transformer, et finalement, on se retrouvera devant une situation qu’on ne pourra pas gérer. Cela mettra en mal la vision du gouvernement pour le secteur », estime le président KADZAKADE.

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