La région des Savanes est l’une des régions où le taux de pauvreté est l’un des plus élevés au Togo. Et c’est dans cette région, que Confort Murielle I. Kabissa-Lamboni a choisi de s’investir socialement, et surtout de s’engager pour le bien-être des femmes. Depuis 25 ans, elle œuvre de manière active pour une amélioration des conditions de vies et des mentalités.
Titulaire d’une licence en communication et d’un master en gestion de projets et passation de marchés, Confort Kabissa-Lamboni, s’est constitué un solide background professionnel en travaillant dans des institutions nationales et internationales au Togo. Depuis 25 ans, elle travaille dans le milieu associatif et dans les ONG, elle s’est formée sur les questions du genre et de leadership féminin et mobilisation sociale.
Cet engagement social, elle le tient de son éducation et de sa cellule familiale où elle a très tôt été initiée sur le bien-être communautaire et le vivre ensemble. Son père lui a également inculqué la notion du genre. Encouragée par lui dès le bas-âge à n’avoir peur de rien, elle s’est engagée pour corriger les inégalités sociales entre les hommes et les femmes : « Mon engagement est né des inégalités sociales entre les hommes et les femmes. Quand je vois certaines inégalités sociales, je me dis que mon action, aussi petite soit-elle, peut changer quelque chose ».
Un engagement pour la femme et la jeune fille des Savanes
L’engagement en faveur de la communauté et des femmes est l’une des principales activités de Kabissa-Lamboni. Grâce à cette implication, elle a su gagner la confiance des femmes de la région. C’est ainsi qu’elle se retrouve à la coordination du Réseau Femmes et Développement des Savanes. Créé en 2004, ce réseau est un cadre de concertation, de formation, et d’échanges des femmes leaders de la région. Aujourd’hui, grâce aux actions du REFED/Savanes, la situation de la femme des Savanes s’est nettement améliorée.
Pour elle, les femmes sont capables de bouger ensemble les lignes si elles surmontent un facteur important, la peur : « La peur chez la femme n’est pas biologique. Ce sont les hommes qui pensent que nous avons peur. Il est de notre devoir, nous femmes, de dissiper nos peurs, et de montrer aux autres, surtout aux hommes, de quoi nous sommes capables ».
Femme très sûre d’elle, audacieuse et dotée d’un self contrôle à toute épreuve, elle estime que l’amour du prochain est la clé pour réussir et avancer dans ce milieu : « Il faut aimer l’autre femme comme soi-même, et surtout ne pas se croire et se mettre au-dessus des autres en la prenant de haut. Ainsi petit à petit, vous gagnez leur confiance parce que vous leur faites aussi confiance », conseille-t-elle à qui veut travailler dans les milieux ruraux et aussi avec les femmes.
Également facilitatrice BRIDGE (Building Ressources dans la démocratie, la gouvernance et les élections), Confort Kabissa-Lamboni est aussi engagée sur les questions des jeunes, notamment l’épanouissement de la jeune fille à travers sa scolarisation. Selon elle, le taux de déperdition scolaire des jeunes filles est plus grand après l’école primaire dans la région des Savanes. La faute à plusieurs problèmes sociaux tels les mariages forcés, les grossesses précoces et la pauvreté entre autres. Et avec son réseau, elles essayent tant bien que mal d’endiguer le phénomène de décrochage scolaire : « Nous sensibilisons beaucoup les jeunes filles dans les lycées et collèges. Nous leur montrons et leur expliquons leurs droits, nous leur enseignons les stratégies pour dénoncer les violences faites aux femmes ».
Avec autant d’engagement social, Confort Kabissa-Lamboni a toutefois des difficultés. D’abord des difficultés d’acceptation, et ensuite de financements. Comme le dit l’adage, là où est le cœur, les pieds n’hésitent pas à y aller. Et ces difficultés ne l’empêchent pas de saisir son bâton de pèlerin et d’aller au-devant des luttes dans cette région d’où est originaire son mari. Et quand on lui demande quelle est son astuce pour lutter contre ces difficultés, elle répond purement et simplement, la jovialité.
Source : Togo Matin N°718