Les jeunes et la chicha une bombe à retardement

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La chicha, c’est le nom du tout nouveau produit du tabac sur le marché et que les jeunes en raffolent. Il  se fume au moyen d’une pipe et serait venu du monde oriental. C’est devenu une mode chez les jeunes en Afrique. Au Togo, le phénomène n’a pas laissé indiffèrent plusieurs jeunes. Ils s’adonnent de plus en plus à cette pratique dans plusieurs lieux publics, notamment dans des bars appelés « Bars à chicha » ou des « Chicha room »sans en juger les dangers. A la tombé de la nuit les jeunes accro se rassemblent autour de leur butin souvent au niveau de certains carrefours des grandes villes où de petits espaces sont aménagés par des promoteurs au profit de leurs clients. D’autres plus avisés ou aisés s’installent dans un coin de leur maison aménagé pour la circonstance et faire plaisir.

Appelé «Chicha » dans certaines traditions ou «Shisha » dans d’autres, narguilé ou pipe à eau, c’est un mode de consommation du tabac qui avait perdu son « statut exotique et anecdotique » mais revient de plus en plus dans les habitudes de certaines personnes. Mais cette fois-ci, elle semble avoir hypnotisé la frange jeune surtout les adolescents et jeunes. Vieille de plusieurs siècles déjà, il faut dire que la chicha se présente comme un instrument sous forme d’une pipe à eau permettant de fumer du tabac. Elle peut être perçue aussi comme un cocktail de substances nocives composé d’un réservoir d’eau dans lequel est immergé un tuyau au bout duquel on pose le tabac, le mélange de fruits et de substances ainsi que du charbon sur un morceau d’aluminium pour la combustion du tabac. Le réservoir est aussi relié à un tuyau utilisé par le fumeur pour aspirer la vapeur filtrée par l’eau.

En plein air ou dans l’enceinte des bars, les fumeurs ne se gênent guère dès la tombée de la nuit pour prendre d’assaut ces espaces. Dans certains maquis de la ville de Lomé, capitale du Togo, certains jeunes ne se gênent plus pour la fumer. Souvent c’est des Jeunes filles et garçons, dont l’âge se situe entre 16 et 30 ans, s’y donnent à cœur joie, tenant chacun un tuyau en main ou carrément se l’échange à défaut. On peut même apercevoir, par moments, des nuages de fumée qui se dégagent dans une boutique au coin de la rue appelé « Chicha Room ».

Aujourd’hui plusieurs de ces jeunes trouvent des raisons de justifier leur amour à la chicha. C’est le cas de Mohamed, un jeune de 20 ans élève. Pour lui, il a commencé à fumer grâce à un ami qu’il a suivi et depuis il en raffole. Il sort pour certains de la curiosité ou de la mode. « La chicha n’était pas dans le temps  à la merci de tout le monde parce que la bouffée faisait 10 000 f CFA. Avec des amis, on cotisait pour aller goutter à cette nouvelle cigarette étrange qui fait sortir beaucoup de fumée avec du parfum. Au jour d’aujourd’hui, je ne prends plus la cigarette mais je continue avec la chicha », a confié Mohamed.

Cependant en prenant la chicha, il pense que le plaisir est beaucoup plus psychologique. « C’est un plaisir qui n’est pas explicable mais se vit. Excepté le parfum qu’un fumeur de chicha peut avoir autour de lui, je me dis qu’en prenant la chicha, je ne gagne rien », a-t-il fait savoir. Et de prodiguer des conseils en ces termes : « Je ne sais pas au jour d’aujourd’hui ce que la consommation de la chicha peut avoir comme conséquence sur la santé d’un individu, mais personnellement je ne la conseille à personne. Pour ma part, je n’en suis pas un esclave. Je peux arrêter d’en prendre si je le veux, c’est une question de volonté en fait ».

Sur le terrain les prix varient d’un Bar à un autre, allant de 1000 à 10 000 FCFA en fonction du standing des lieux. C’est un système où chacun y gagne pour son compte tant le consommateur que le responsable du maquis ou de la Chicha Room. Si le commerçant et le consommateur tirent leur épingle du jeu, il faut dire que selon un constat de la plateforme en ligne E-cancer.com, le tabac à chicha utilisé le plus fréquemment en France est composé généralement de 28 % de tabac, de 70 % de mélasse (liquide sirupeux contenant environ 50 % de sucre et qui donne un aspect pâteux et poisseux au tabac à chicha), le reste étant constitué d’arômes, d’agents de textures et de conservateurs 2. Les arômes confèrent à ce produit des goûts et parfums variés (Pomme, fraise, rose, noix de coco, etc.). Si tel est le constat on pourrait se demander comment fonctionne cet instrument qui est de plus en plus en vogue dans le quotidien des jeunes Togolais ?

Pour certain docteurs, la chicha est absolument du tabac, et il ne faut pas que les jeunes se trompent par rapport à cela.

Ce mode de consommation donne aux adeptes de la chicha le sentiment de fumer en toute sécurité. Si les jeunes semblent avoir trouvé un autre canal de plaisir dans la consommation du tabac, il faut cependant se demander quelles seraient les conséquences de l’utilisation de la chicha. Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé : « Le fumeur de pipe à eau, et la personne exposée à la fumée passive provoquée par la pipe à eau, encourent les mêmes maladies pulmonaires, cardiovasculaires et cancers que le fumeur de cigarette ».

Du reste, la première impression de quelqu’un qui prend la chicha est que « fumer la chicha est plus sain que de fumer la cigarette et donc moins meurtrière ». Or, comme toutes les fumées de substances organiques qui brulent, celles que la chicha libèrent, lors de la combustion, près de 4000 substances chimiques, dont nombre d’entre elles sont toxiques, irritantes et/ou cancérogènes. La fumée de la chicha contient des métaux qui proviennent du tabac, mais aussi du charbon, du revêtement du fourneau et de la colonne, du tuyau ou encore de la feuille d’aluminium.

L’utilisation de la chicha expose les fumeurs à des quantités de fumée beaucoup plus importantes que celles de la cigarette, en raison surtout de la durée des sessions de fumage.

Les estimations de l’Organisation mondiale de la santé indiquent qu’une cigarette est fumée en 8 à 12 bouffées sur une durée de 5 à 7 minutes, tandis que la chicha est fumée en 50 et 200 bouffées sur une durée de 40 à 60 minutes.

C’est pourquoi, compte tenu de tous ces signaux, plusieurs pays en Afrique ont déjà pris des décisions courageuses pour interdire la chicha. Il s’agit notamment du Rwanda et de la Tanzanie où le ministère de Santé a interdit la consommation de la chicha. Pour le Togo rien n’est pour le moment fait pour enrayer le danger.

La question du tabagisme est devenue un sujet d’actualité parce que la frange jeune de la population s’adonne de plus en plus à sa consommation. Et donc les autorités Togolaises doivent lever l’équivoque pour trouver une solution idoine à cette pandémie de chicha qui affecte les jeunes et les tue à petit coup.

Biscone ADZOYI
Biscone ADZOYIhttp://elitedafrique.com
Biscone Adzoyi est journaliste rédacteur à Elite d'Afrique depuis 2017. Il s’intéresse particulièrement aux questions environnementales et de développement durable
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